Mourir Mille Fois…

 Vendredi 20 Octobre 2017…

Ça va faire 8 mois aujourd’hui que je n’avais pas rédigé d’article.

Ça va faire 2 semaines aussi que je suis sorti de la morgue pour y accompagner mon ami.

Ca va faire 4 heures que je suis ressorti de la morgue pour l’accompagner vers sa  dernière demeure.

Constant était l’une des plus belles plumes que j’ai eu la chance de lire (et Dieu sait si je déteste lire !), sa plume était tellement belle que je lui avais proposé de publier ses textes dans mon blog, vu qu’il tardait à se décider à en créer un.

Je me devais donc de sortir de ma paresse et de faire un article en son honneur.

Trois mots me viennent à l’esprit quand j’essaye de décrire constant : Humilité, Partage, Joie

humilité

\y.mi.li.te\  féminin singulier

  1. Vertu qui nous donne le sentiment de notre faiblesse, qui réprime en nous les mouvements de l’orgueil.
  2.  (Familier) Déférence, soumission, abaissement.
  3.  (Par extension) Qualité de ce qui est humble.

Synonymes : modestie

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Constant remplissait tous les aspects de la définition du mot humilité :

L’orgueil et Constant faisait 2, voir 3 ! SABANG savait reconnaître qu’il ne savait pas, il n’avait pas honte de demander quand il ne connaissait pas.

Je me souviens quand il avait eu son premier smartphone 🙂 , à la fois émerveillé et dépassé par le potentiel de ce bidule, il m’a plus d’une fois réquisitionné pour des séances d’apprentissage à comment faire de bons selfies, ou comment utiliser twitter…

J’ai découvert l’âge de Constant il y’a quelques jours, je savais qu’il était un grand frère, mais il ne s’était jamais prévalu de son droit d’ainesse ! Au contraire il n’hésitait pas à me traiter, à nous traiter comme ses égaux. Plus d’une fois il a même eu à m’interpeller pour lui donner des conseils…

Je me rappelle de cette fois où il avait eu un accrochage lors d’un échange sur Facebook avec un ami commun. Il m’a appelé à 6H du matin pour me demander de relire ses propos, car il voulait se rassurer qu’il n’avait rien dit d’involontairement blessant lors de cette discussion… Je lui ai dit que pour moi il était entièrement dans son droit mais, il m’a dit que malgré ça il était prêt à s’excuser auprès de notre ami…

Bref Constant était humble et respectueux de tous (sauf bien-sur d’ENEO quand il faisaient « Tchack » à la cité des palmiers 🙂 )

partage

\paʁ.taʒ\ masculin

Division de quelque chose en plusieurs portions.

Constant avait le sens du partage !

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L’une des choses qui nous réunissait régulièrement c’était les remises de dons tous les trois moins dans des orphelinats à travers le pays. Même quand il ne pouvait pas contribuer financièrement, Constant donnait de sa personne, d’ailleurs il était devenu notre père noël officiel… Nous allons devoir chercher un autre membre avec une bonne bedaine dans deux mois pour le remplacer…

Les deux derniers anniversaires de notre association KF HEART ont été organisés dans le domicile de Constant, il n’hésitait jamais à nous ouvrir les portes de sa maison, de sa cuisine et surtout celles de sa cave.

Parlant de cave, oui Constant aimait bien partager un (ou plusieurs) verre(s) avec ses amis, mais il aimait aussi partager ses connaissances. Discuter avec Constant était toujours soit très enrichissant soit très divertissant ! Oui Constant était un distributeur automatique de Joie !

joie

 \ʒwa\ féminin

  1. Sentiment de bonheur, de satisfaction vive et intense qui vient du plaisir que l’on a à agir, à accomplir non pas une tâche répétitive, mais de contribuer à un certain progrès qui est empreint d’un caractère spirituel philosophique, scientifique, religieux ou esthétique.
  2.  (Au pluriel) Plaisirs ; jouissances.
  3. Gaieté ; humeur gaie.

Je ne pourrais plus jamais écouter TUCHEZE de Ferre GOLA sans penser à Constant ! A l’une des multiples soirées qu’on avait passées ensemble, il nous avait gratifiés d’une chorégraphie inoubliable. Son chapeau sur la tête, son cigare dans la bouche, d’un pas souple et lent il mettait la rumba congolaise au pas !

Je ne me souviens pas avoir vu Constant en colère, j’imagine bien que ça lui arrivait souvent mais il devait bien le cacher. Il prenait tout avec dérision et faisait souvent preuve d’auto-derision.

Il était plein de joie et il aimait la vie ! Certains diront même qu’il aimait trop vivre, ce qui n’est pas forcément un compliment au Cameroun. Mais voilà il a perdu la vie… et nous devrons apprendre à vivre sans lui…

Lundi 23 Octobre 2017

Voilà c’est fait il est sous terre… J’ai réussi à éviter de le voir mort… J’ai décidé de garder de Constant l’image du vivant, du bon vivant ! J’ai été triste, je suis triste, mais je n’ai pas pleuré car au fond de moi je sais qu’il se repose et qu’au moins maintenant il ne souffre plus.

Nous les vivants, ses amis qu’il a laissé avons fait de notre mieux pour calmer nos consciences en lui organisant de belles obsèques. Maintenant nous allons reprendre le cours de nos vies… Elles ne seront plus pareilles…

Depuis ce fameux 6 Octobre, j’ai recommencé à écouter en boucle le titre « Mourir Mille fois » de Youssoupha dont voici les paroles :

Je plie quand tu plies, je pleure quand tu pleures
Je prie quand tu pries alors, ton deuil, c’est mon deuil
Je vibre quand tu vis, un cœur pour un cœur
Puisque je brille quand tu brilles, alors je meurs quand tu meurs
Dis-moi pourquoi je m’essouffle et je m’entête
Pourquoi je tousse, pourquoi c’est moi qui m’étouffe quand c’est toi qu’on enterre
Pourquoi la vie ne dit pas ce qu’elle coûte?
Pourquoi on a beau tuer le temps, mais c’est le temps qui nous enterre tous?
Pendant qu’la terre tourne sans dérision
La mort s’en fout de vos doutes entre la science et la religion
Je crois au paradis sans preuve, trop de larmes
Et les sceptiques me taquinent et veulent mon Instagram de l’au-delà
J’ai des rêves en dollars, c’est percutant
Mais je ne cherche pas à gagner des thunes, moi, je cherche à gagner du temps
Mon tourment n’est pas un effet d’mode
J’avais la vingtaine, j’écrivais des chansons du genre « Youssoupha est mort »
Énorme, personne ne sait ce que mon cœur regrette
Personne ne connait mes rancœurs secrètes
Je crée mes propres modes, j’ai pas d’modèle
Et, pour me sentir immortel, je vais aux enterrements des croque-morts
Entre la scène et la mosquée, je traîne beaucoup d’remords
Je mène une double vie, est-ce que j’aurai une double mort?
Et les gens ne croient que ce qu’ils voient
Moi, j’ai perdu tellement de proches, j’ai l’impression de mourir mille fois

Mourir mille fois
Mourir mille fois
Mourir mille fois
Laisse-moi croire qu’un « Au revoir » ne nous sépare jamais
Mourir mille fois
Mourir mille fois
Mourir mille fois
Et on repart sans que le temps nous répare

Alors je parle de nos proches, du temps qui les emporte
Du temps qui laisse des marques, et puis des masques que l’ont porte
Nos bravoures et nos larmes, nos amours et nos drames
Le poids de nos parcours, le poids de nos vingt-et-un grammes
Nos trous noirs et nos flashs, nos coups bas et nos crashs
Et tout ce qu’on dit tout bas, et tous les combats que l’on cache
Car, peu importe de vivre tout, de vivre droit
De vivre fou, de vivre froid, puisqu’on va mourir mille fois
Et, même en mille phrases, j’te jure, les mots me manquent
Et, même en mille phrases, toujours la mort qui me hante
Chacun son propre vide, quand on enterre un être cher
On enterre aussi une partie de sa propre vie
Un deuil est un deuil, j’essaie pas de faire la dif’
Quand on est jeune, on ne meurt pas, on perd la vie
Loin des vices à la mode, je marche seul
Même si je sais que, marcher seul, c’est un peu s’entraîner à la mort
Alors j’ai vraiment l’air anéanti, quand on m’a dit
Que les derniers seront les premiers, disons qu’j’ai ralenti
Repenti mais jamais trop faible
Je vous laisse croire en vos psys, laissez-moi croire en mon prophète
J’ai trop d’frères qui m’relèvent à chaque fois que j’me penche
Mais trop d’frères qui me crèvent et qui me plantent
Je repense à 2Pac et Biggie, le rap game te souhaite la mort
Et, à ta mort, il fait des t-shirts à ton effigie
J’me réfugie jamais dans la rancœur
Papa, j’te porte dans ma tête, et Malik te porte dans son cœur
Mes souvenirs sont vides à ton enterrement
Je ne pleurais pas mon père, moi, je pleurais le grand-père de mon fils
Les sacrifices nous rendent avisés
On ne sait pas vraiment de quoi on est fait tant que l’on n’est pas brisé
Mais on se relève toujours, tu l’vois
Même si perdre tant de proches donne l’impression de mourir mille fois

Mourir mille fois
Mourir mille fois
Mourir mille fois
Laisse-moi croire qu’un « Au revoir » ne nous sépare jamais
Mourir mille fois
Mourir mille fois
Mourir mille fois
Et on repart sans que le temps nous répare

Mourir mille fois
Mourir mille fois
Mourir mille fois
Mourir mille fois
Mourir mille fois
Mourir mille fois

Paroliers : Youssoupha Mabiki / Eric Bintz

Paroles de Mourir mille fois © Sony/ATV Music Publishing LLC

 

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4 réflexions sur “Mourir Mille Fois…

  1. Bel hommage rendu à Constant dont les bonnes oeuvres rendent témoignage du ‘grand homme’ qu’il fut. J’ai eu le sentiment de l’avoir connu en te lisant. Triste! Soyez forts et qu’il dorme en paix.

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